Du mental au poker

Le mental, la psychologie, l'état d'esprit... facteur fondamental pour ce jeu de décisions qu'est le poker.

Je me permet de rebondir sur quelques phrases, quelques mots glissés dans un post du toujours excellent sage suisse: "il est préférable de croire qu'on est un joueur chanceux".

Le préambule à cette hypothèse est toutefois: "il faut un peu de réussite, il ne faut pas s'appeler Rincevent".

De là à croaaare que je suis directement ciblé, il n'y a qu'un saut de grenouille à effectuer ce dont je m'acquitte sans persiller.

Plutôt que de baragouiner dans le vague, le flou, le conceptuel et le théorique (ca tu trouveras partout ailleurs, même dans de bien plus mauvaises épiceries), j'éclairerai ce billet à l'ombre de mes dernières mauvaises expériences.

Autant le dire de suite et ne pas vous faire lambiner: oui je suis convaincu que le mental est primordial au poker.

J'ai eu pendant longtemps un mental d'acier (à peine détrempé).
Susceptible d'encaisser les sales coups, les bad beats, les décaves.
Sans me considérer comme un joueur chanceux, j'avais toutefois suffisament de ressources pour faire abstraction de la chance et de la malchance.
Ou pour le moins évaluer que la balance pouvait être équitable de telle façon que je pouvais raisonablement être un joueur gagnant.

Bien dans mes pompes, convaincu de mon edge, mon jeu et mes analyses n'étaient pas faussés par frilosité ou instabilité.

Si bien sûr je n'étais pas une foudre de guerre technique et si j'avais quand même donné vie à Tiltman, ma rigueur et ma solidité m'avait permis de franchir les palliers un à un.

A cette époque bénie, Tiltman ne s'apparentait finalement qu'à un tiltaillon tellement je tenais toujours fermement les rennes de mon facteur (cheval) psychologique.

Puis, la real life m'a rattrapé par le colback et m'a mis une grande tarte dans la gueule.

J'avais misé sur ma grande capacité d'absorption pour diluer l'onde de choc. Cependant, l'éponge s'est calcifiée et le séisme l'a fissuré de toutes parts.

Plus moyen d'encaisser les coups du sort, la plongée devient inévitable.
La discipline s'envole comme les caves, la poisse devient auto-entretenue, la loi de Murphy se mue en parole divine, le whine en way of life.

Oh oui, j'ai joué de malchance.
Seulement, la malchance est inhérente au jeu et c'est notre aptitude, notre ressort à nous joueurs de poker de savoir faire la part des choses et de maintenir le cap.
Le bon cap.
Celui du joueur gagnant.

J'ai échoué dans cet objectif fondamental.
Perturbé, persuadé d'être persécuté, j'ai donné le baton pour me faire battre.
Tellement facile de pleurer sur le sort, de dire qu'on est si malchanceux.
Tellement rassurant de le montrer.
Tellement pathétique de tomber dans un état d'esprit qui incite à faire des trous dans la coque lorsque le bateau prend déjà l'eau.

Oh regardez comment je perds bien!
Plaignez moi!

Oh regardez, si je m'applique je peux perdre encore plus!
Je suis un vrai champion!
De toutes façon, il est impossible que je gagne!

Stop.

Stop la fatalité qui n'a d'essence que dans un mental détérioré.

Stop, maintenant j'écope, je bouche les trous, je colmate les fissures.

Stop d'appeler la débâcle en étant persuadé quelle est inéluctable.

On va bien trop souvent dans la direction que l'on fixe, toutes les auto-écoles l'apprennent.
J'ai assez donné l'image d'un joueur perdant.
Aux autres, ici.
A moi surtout.

Temps de redorer mon blason et de redevenir le violeur de stack que je n'ai jamais été.

Depuis quelques temps, je remonte la pente.
Lentement, doucement, le mal était plutôt profond.
Un peu  d'assurance qui revient et comme par enchantement le dénivelé devient positif.

Pourtant mon all in EV s'éloigne toujours et je tombe encore régulièrement sur les as quand j'ai les rois.
Bizarrement, ca n'influe plus autant sur ma trajectoire.

Alors, le mental: fondamental au poker?

Illustration non contractuelle